L'Ecran fantastique - Prometheus et la saga Alien

L'Écran fantastique - Prometheus et la saga Alien
French | 100 pages | PDF/DJVU | 162/15 MB

Trente-trois ans! Il aura fallu attendre 33 ans pour que Ridley Scott retrouve l'univers qu'il a contribué à créer. Second long-métrage du cinéaste après Les Duellistes. Alien a marqué à l'acide les amateurs de SF qui, à L'époque, se remettaient à peine de Star Wars. Mais le conte initiatique de George Lucas n'a servi que de détonateur: Alan Ladd Jr, dirigeant des studios 20th Century Fox, n'aurait jamais donné le feu vert à Alien sans le succès rencontré par la galaxie lointaine, très lointaine explorée par George Lucas. Or Alien ne joue pas, assurément, dans la même catégorie. Lorsque s'éveille l'équipage du Nostromo, alors que le cargo s'approche de la planète LV-426, le mystère reste entier. Que réserve donc ce film de science-fiction - un genre qui commençait à gagner ses lettres de noblesse auprès du grand public - au rythme indolent? Un atterrissage éprouvant. La silhouette d'un vaisseau spatial d'origine extraterrestre. Un gigantesque cadavre assis devant un semblant de télescope. Des oeufs. Une créature tentaculaire s'accrochant sur un visage. Un malade victime de spasmes, et qui accouche par son estomac crevé d'une créature qui prend la fuite. Le silence règne dans la salle de cinéma.
Les spectateurs, les personnages sont figés par l'horreur. Le cauchemar biomécanique ne fait que commencer! En 33 ans, Alien, le huitième passager n'a pas vieilli d'une semaine. Le public est immanquablement propulsé en 2122, au sein des ténèbres de L'espace infini, là où on ne nous entend pas crier. Au fil du temps, le long-métrage de Ridley Scott est devenu un véritable rite initiatique pour les jeunes amateurs de sensations fortes. Alien n'est jamais tombé dans l'oubli: le destin d'un film culte. Son réalisateur, lui non pLus, ne l'a jamais oublié. Depuis l'aube des années 2000, Ridley Scott souligne régulièrement, à l'instar de Sigourney "Ripley'. Weaver son envie de renouer avec la saga pour un hypothétique Alien 5. Ce projet restera lettre morte... ou presque ! Car le cinéaste s'intéresse à un autre sujet...

Depuis trente ans, une idée le hante. Quel genre de créature pourrait bien se cacher sous la combinaison, du Space Jockey? Si, en 1979, le prolifique cinéaste a insisté après de la 20th Century Fox pour dépenser près d'un demi-million de dollars afin de construire l'antre de l'imposant cadavre, le Space Jockey (ou le "patient d'un cabinet dentaire", comme le surnomme James Cameron) n'apparaît que le temps d'une scène. Le mystère de ses origines ne sera jamais exploré par les opus suivants. Durant trois décennies, l'identité du Space Jockey exalte l'imagination des fans. Ridley Scott, lui, souhaite découvrir son histoire, sa nature. Est-il le créateur des fameux xénomorphes ? Ou une innocente victime ? Devait-il les livrer sur une planète lointaine ? Il y a trois ans, le réalisateur annonce finalement qu'il signera un prélude à Alien, le huitième passager. Mais sous l'impulsion du scénariste Damon Lindelof ("Lost"), le projet mute. Prometheus est né. Durant une année, toute mention de la saga Alien est proscrite. La "préquelle" serait devenue un film autonome : les fans retrouveraient cependant l'ADN d'Alien. Au fil du temps, il devient pourtant évident que Prometheus ne fera pas L'impasse sur l'énigme de La création. Ce récit se déroule bel et bien dans le passé de l'univers de la saga, une trentaine d.années avant les événements du fiLm originel. Mais le cinéaste n'a pas menti: il ne s'agit pas d'un vulgaire prélude. Ce n'est pas un hasard si le titre n'est pas Alien : Prometheus ! À partir du mystère du Space Jockey, Ridley Scott et son équipe ont mis au point un film de SF dite "intelligente", qui pose des questions chères à L'humanité. Qui sommes-nous? D'où venons-nous? Notre existence est-elle due au hasard ? Cependant les racines de la franchise ne sont pas écartées : la frayeur est également au programme. Certaines questions ne devraient peut-être pas être posées...

Pierre-Eric Salard